Forain des Mers

plus j'apprends, plus je me sens ignorant.... alors j'ai décidé d'aller encore plus vers les autres...

hivernage ici

kalamata Péloponèse

 
 

 heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay)

la belle Thalia

La belle Thalia

C’est vrai ce soir-là Cünjet intervient et sanctionne durement les deux soldats qui n’ont pas compris que la mission pourtant maintes fois expliquée lors du voyage en mer les obligent à respecter l’habitant.

Le jeune janissaire n’en finit pas de fixer cette belle grecque aux cheveux geais au corps élancé et attirant. Elle, baisse les yeux, de suite séduite par le visage fin du combattant au, à l’allure fière et viril. En cours de route Cünjet parle, justifie sa présence, celle de ses hommes, cette expédition turque, essayant de rassurer une fois de plus la jeune femme. Difficile à la fois de tenir son rôle d’occupant sans faiblesse et de taire des sentiments naissants. Lorsqu’il la questionne, la jeune fille qui l’écoute à peine lui répond par des onomatopées craintives.

Sur le chemin du retour, Cünjet se sent tout bouleversé. Jamais il n’avait senti son cœur chamboulé si rapidement, pourtant à Istanbul ou Izmir la vue des jeunes filles ne le laissait pas indifférent. Il ne doit pas faillir à sa tâche et se détourner de sa mission, il doit ne faire montre d’aucune faiblesse vis-à-vis des habitants, rester le conquérant.

Mais le lendemain il n’a de cesse de penser à la jeune femme, de la revoir. Il multiplie alors les occasions, les déplacements à cheval vers la masure des paysans derrière la lagune. Il s’épanche facilement auprès de son ami Deniz en qui il voit son garde-fou. De son côté Thalia devient plus coquette, porte des robes plus colorées, suscitant les remarques de son père et de ses amies. D’ailleurs lorsqu’elle les retrouve au village, ou dans les champs, elle finaude, se fait cachotière d’un secret qui très tôt n’en est plus un.

Mais au fur et à mesure des jours qui passent, les jeunes gens se revoient, elle devenant plus effrontée se permettant de l’interpeller en public. Il est vrai que le temps passant favorise les liens, des amitiés entre les jeunes hommes en garnison et les femmes du village, et le soir les deux tavernas résonnent des mélodies des bouzuq turcs, l’ancêtre du bouzouki.

Alors finalement d’aucuns ont à redire de cette relation qui s’installe, la respectent parce qu’on respecte le chef, parce qu’on respecte l’envahisseur d’autant plus que les attitudes belliqueuses disparaissent au fil des jours. Thalia monte même à bord des vaisseaux, sous les regards surpris et désapprobateurs des chefs de bord, une femme à bord c’est une difficulté supplémentaire pour tenir les hommes. Elle curieuse de voir tout cet équipement guerrier inhabituel est ravie.

Chaque soir Cünjet après leur rendez-vous, l’a raccompagne chez elle et revient fort tard chez son logeur. Le père de Thalia n’apprécie guère cette relation avec l’étranger mais il n’ose s’opposer au capitaine, impressionné par sa prestance et sa politesse.

Amoureuse, elle a besoin de communiquer, de s’épancher auprès de sa meilleure amie. Les champs alors s’emplissent de rires et de chuchotements lorsque les deux jeunes femmes vaquent à leurs travaux. Deniz qui a cru au début à une passade, une amourette de campagne passe maintenant son temps à préserver Cünjet d’un manquement fâcheux. Aussi lorsque ce dernier décide de laisser la maison du pêcheur où il loge pour s’installer à la ferme de Thalia, manifeste-t ’il de fortes réticences, cela ne lui dit rien de bon , maison chef en a décidé ainsi, et ce n’est pas au capitaine de galiote qui logeait là que viendrait l’idée de ne pas laisser sa place.

L’hiver arrive, et les montagnes se couvrent de blanc. Dans chaque maison la cheminée éclairée réchauffe la pièce principale qui s’anime à la veillée. Cünjet aime à partager ces instants avec Thalia avant de s’en retourner dans sa chambre. Petit à petit il se fond dans cette maison, gagne la confiance du père, nourrit ses sentiments amoureux mais galant, n’ose aller plus loin…. Pourtant s’il savait comment la jeune fille en meure d’envie…

Ce ne sera qu’au printemps, à la faveur d’une belle journée où la terre revit que Thalia offrira à son envahisseur son corps et sa virginité. Dans la lande qui domine la lagune, adossé à un rocher Cünjet contemple la flottille qui sagement patiente. La fille est à son côté, lovée dans ses bras. Après un baiser langoureux, les corps si serrés l’un contre l’autre soudain se tordent sous l’effet du désir, s’enlacent dans un combat sans fin où chacun sort vainqueur. D’un cri, d’un râle profond Thalia lâche son bonheur en réponse à l’assaut puissant du conquérant de son cœur.

Revenu au port, l’attitude de Cünjet ne laisse pas de doute à Deniz qui n’a pas besoin de le questionner. Il a compris, il a compris que désormais il doit veiller encore plus sur ami, son chef afin que ce dernier ne perde pas l’objectif de sa mission. Dès lors, les jeunes gens ne se cachent plus et il est établi que le couple est formé. Les soldats deviennent plus respectueux de la jeune femme, et les amies de celles-ci la regardent avec une envie mal dissimulée.

Avec le printemps, Cünjet a fort à faire, entretenir avec les vénitiens les meilleurs rapports ‘commerciaux’, tenir sa garnison, maintenir la confiance des villageois, leur insuffler l’espoir d’une vie meilleure, se garder d’éventuels espions qui alerteraient les italiens sur ses véritables intentions. Et lorsque rappelé à Istanbul il prend la mer, Thalia a le cœur serré, dès que le bateau a passé la falaise, attend avec impatience le retour de son aimé.

à suivre: la prise de Monnemvasia

retour de pêche

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DOUCEUR DE VIVRE