Forain des Mers

plus j'apprends, plus je me sens ignorant.... alors j'ai décidé d'aller encore plus vers les autres...

hivernage ici

kalamata Péloponèse

 
 

 heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay)

le pont de Kalkis

Le pont de CHALKIS a chaque fois une expérience !! Et oui dans la ville natale d’Aristote, la nature est immuable.

 

Khalkís est le point le plus étroit entre le continent et l’île d’Eubée. Un bras de mer de 38 m sépare les terres.

On ignore souvent que la Méditerranée est sujette aux marées, de faible amplitude mais quand même assez pour avoir des effets visibles. Ainsi tous les détroits, les étranglements de terre voient les flux forcir et s’inverser au rythme des lunaisons.

Ici le phénomène est toujours imprévisible. Même les modules mathématiques de nos puissants ordinateurs n’arrivent pas à prévoir les renverses de courant et sa force avec précision. On sait simplement que cela doit arriver chaque jour vers telle heure, et les trois jours de pleine lune c’est l’incompréhension totale, l’irrégularité des courants est continuelle.

Ainsi lorsque vous arrivez pour vous enregister au passage, les coasts guards après avoir prélévé la charge due pour votre bateau vous donnent une fourchette pour le franchissement allant de 22 heures à cinq heures du matin, vous demandant d’être en veille à partir de 21h 30. Il faut prendre rang car le pont qui enjambe la mer s’ouvre qu’une fois par nuit pour quelques minutes

Nous sommes arrivées cette année la veille, ayant besoin de ravitailler. De la marina toute proche, vers 17 heures nous nous sommes approchés du pont, au quai d’attente déjà bien chargé de voiliers. Un navigateur allemand a bien voulu accepter la mise à couple.

Ce fut une des manœuvres les plus difficiles qu’il me soit arrivé de faire. Un vent de travers de 20 km heure, un courant me poussant dans l’arrière à 10 km heure voilà de quoi jouer avec la manette des gaz pour aborder sans dommage. Heureusement tout le monde était là pour saisir les amarres et déplacer les pare-battages.

Nous avons franchi le pont à une heure du matin, prévenu par radio nous avions quitté nos attaches, avons vu débouler à une vitesse vertigineuse un cargo prioritaire dans ce goulet, puis nous sommes engouffrés les uns derrière les autres, 9 voiliers, et régime moteur presque à fond nous avons pris de plein fouet le courant inverse sous le pont perdant d’un coup plus de deux nœuds de vitesse pour les reprendre cinquante mètres plus loin.

Nous n’avons pas eu besoin de partir de nuit au mouillage, le quai nord étant vide de bateaux. Et la nuit a pu commencer.

Khalkís reste toujours une épreuve. Comme la première fois, l’attente parut interminable.

Nous avons visité quelques quartiers d’une ville pauvre et sale où le seul plaisir des habitants reste la promenade sur les quais, à observer le courant et ce fameux pont qui glisse sous la chaussée, mécanique inventée par des ingénieurs italiens au siècle dernier.

retour de pêche

iles éoliennes

 

DOUCEUR DE VIVRE