Forain des Mers

plus j'apprends, plus je me sens ignorant.... alors j'ai décidé d'aller encore plus vers les autres...

hivernage ici

kalamata Péloponèse

 
 

 heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay)

l'arrière pays

La route étroite qui serpente sur les hauteurs de Kalamata nous emmène dans l’arrière-pays au cœur de la Messinie. Au détour d’un lacet la vue sur le golfe, la vue sur la ville envahit nos regards.

Les longs alignements des rues tracées à l’américaine quadrillent la citée, au pied du château médiéval. C’est Guillaume de Champlitte qui lors de la quatrième croisade, en 1205, a été chargé par Robert de Sicile, un normand, de pacifier la Messinie, de pacifier… des paysans ! 5 ans plus tard à sa mort, Geoffroi I de Villeharduoin, seigneur de Meaux, lui succéda et installa sa famille. Avec son fils, guillaume II, Prince d’Achaïe qui poursuivit son œuvre de ‘pacification’ le château fut construit en moins de 30 ans sur un mont à deux kilomètres du rivage domine toute la baie.

L’emplacement est formidable, il contrôle toute le golfe jusqu’au cap Matapan à l’Est et Méthon à l’Ouest. Les francs vont alors développer le pays et l’ouvrir vers le monde extérieur pendant deux cents ans, jusqu’à la reconquête par les despotes de Mistra. La route justement contourne par l’arrière le château en partie restauré. On peut y voir quelques remparts, et une poterne au-delà de laquelle on aperçoit une petite chapelle ombragée par une série de pins d’Alep traversés par le vent du large jouant dans les feuillages.

Le tapis se resserre et il devient hasardeux de croiser un véhicule. Mais ceci se raréfient, c’est toujours le cas dans les campagnes grecques. Le mont Taygète se dresse en arrière de la ville. On comprend pourquoi ces montagnes infranchissables sont inexploitées, qu’aucune route ne mène à aucun village. Seuls quelques fermes d’élevage d’ovin sont visibles disséminées sur les flancs de la montagne, au bout de chemin muletier. On comprend alors pourquoi au cours des siècles les routes furent maritimes. Nous sommes sur la route de Sparti, seul passage à travers le Taygète, au fond de défilés impressionnants.

Pendant plus de 20 km pas âme qui vive, que des genêts en fleurs, et des oliviers qui se couvrent de minuscules taches blanches signe avant-coureur de la future récolte. Les 40 millions d’oliviers qui font la richesse de la province ne sont pas là mais dans la plaine de Messinie près de la mer Le terroir de Kalamata est unique, il produit deux variétés d'olives. Celle de table, presque pointue dite « kalamon » que l'on conserve dans un mélange d'eau vinaigrée et salée, ou encore mieux dans de l'huile d'olive. Et les « koronéiki », plus petites, qui donnent la fameuse huile extra-vierge, 45 000 tonnes d’huile certifiées par une AOP.

Dans ce décor semblable aux vallées de l’île de beauté, le soleil de fin d’hiver tente de réchauffer l’air d’altitude, nous sommes maintenant à près de 800m, mais lorsque la route serpente sur l’ubac le froid saisit encore. Nous le constatons en s’arrêtant dans un virage sur l’étroit parking d’une taverna, aux murs en pierres épais et fenêtres étroites.

Le décor est savoyard et des pancartes taillées dans les troncs d’arbres et gravés au fer rouge. A l’intérieur l’ambiance est hivernale : la cheminée brule de grosses buches et diffuse sa douce chaleur. Les tables sont recouvertes de nappes à carreaux et se serrent autour d’un bar en bois brut. Aux murs des cloches et des outils agraires accumulent la poussière des braises consumées.

Le repas, constitué de Mezzés, beignets de courgettes, tzazikis, pleurotes grillées, de padiakias d’agneau grillées et de pommes sautées sera arrosé de vin rosé aigrelet. Quelques quartiers de pommes vertes baignées dans le miel de montagne ferment la marche.

Au retour la grande ville de Kalamata s’offre à nos yeux. Elle se contente de peu : éclaboussée par le soleil elle s’allonge de tout son long au bord de l’eau, se trempe les pieds, la tête au repos sur les premières côtes du mont Taygète. La longue plage de sable brun offre une balade aménagée pour les piétons et les cyclistes de plus de 3 km.

On aperçoit bien également la tranchée verte qui coupe la ville du nord au sud. En fait il s’agit du tracé de l’ancienne voie ferrée et de la gare terminus de la ligne d’Athènes, transformée en parc de verdure et en musée du train à vapeur. Nous voici maintenant en ville, suivant le cours du Nédon canalisé, un oued qui se charge très vite des pluies de montagne, traversant la gare routière qui jouxte le marché couvert, regagnant la marina par les petites rues arborées de la basse ville.

retour de pêche

iles éoliennes

 

DOUCEUR DE VIVRE