Forain des Mers

plus j'apprends, plus je me sens ignorant.... alors j'ai décidé d'aller encore plus vers les autres...

hivernage ici

kalamata Péloponèse

 
 

 heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay)

au fil des canaux

 

Interlude sur les canaux de France

Réparé, Forain Des Mers est parti se reposer dans son chantier de Prévéza pour une période bien plus longue que prévue initialement. En fait avec les quelques jours de retard pris, il n’était plus question de gagner comme nous l’avions prévu la Tunisie d’autan plus que la situation incertaine de ce pays nous a rendu un peu frileux, peut être à tort !  

 

En rentrant un mois plutôt nous avons rejoint Annisette et ses propriétaires à Port Camargue et les avons accompagnés sur les canaux jusqu’à Bordeaux. Une autre navigation où le rythme et les paysages n’ont rien à envier à  ceux des rivages marins.

Une fois démâté, Annisette un petit Hunter de 32 pieds s’engage sur le canal du midi par le Grau du Roi. Premier obstacle un pont tournant qui nous impose une attente car en cette saison il ne s’ouvre aux plaisanciers que deux fois par jour.

La première ville traversée sera Aigues-mortes,  à 4 km dans les terres et qui montre fièrement ses hauts remparts d’où parait-il Louis X (saint Louis) s’embarqua pour ses deux croisades en 1248 et 1270.

Naviguer sur un canal demande une vigilance de tous les instants : croisement des autres usagers, ponts étroits ou surbaissés, envasement qui réduit considérablement le tirant d’eau, notamment lorsqu’on s’approche des berges. Et puis il y a les écluses à franchir, plus ou moins hautes, plus ou moins furieuses, ouvrages d’art simples spectaculaires qui nous rappellent combien les hommes d’antan ont su appréhender les mathématiques, les lois de la mécanique et de la gravité.

Ingénieux ces architectes téméraires et ambitieux, ce monsieur Pierre Paul RIQUET, percepteur de la ville de Béziers dont l’unique rêve de sa vie était de réunir la méditerranée et l’océan atlantique Il convainc Colbert  de faire creuser par un canal de 500 km, il y a de cela plus de 400 ans. 1200 hommes et femmes s’éreintèrent ainsi toute une décennie.

 

L’ouvrage est magnifique ! Pas moins de 147 écluses pour monter jusqu’à 202 m au-dessus du niveau de la mer afin de franchir après de Castelnaudary le seuil de Naurouze, petite plaine qui sépare en plein pays occitan le bassin hydraulique de la méditerranée de celui de l’océan.

 

Partis du Grau Du Roi nous longerons la petite Camargue et la mer jusqu’à Agde après avoir traversé l’étang de Thau et ses champs conchylicoles. Ces 50 km seront parcourus sans un brin d’ombre.

Agde se présente comme la porte des Corbières. A ce moment le canal, devenu ombragé, serpentera parmi les vignes jusqu’à Béziers. Là, en sortie de la ville les 7 écluses de Fonsérannes vous élèvent de 13 m d’un coup. On passe ainsi d’une écluse dans une autre et dans autre encore et encore. Il faut là bien serrer son aussière autour de la bitte d’amarrage car les vannes lâchent avec furie des milliers de mètres cubes d’eau en des geysers impressionnants. Il faut également redoubler de vigilance car nombreux sont les touristes n’hésitent pas à s’approcher si près au risque de se prendre les pieds dans un cordage et de tomber de quelques mètres dans les violents bouillons.

Puis le canal du midi grimpe dans le Minervois jusqu’à Carcassonne et s’étend dans un grand port au pied de la citadelle comme s’il avait besoin de repos.

 

Toujours sous les platanes dont malheureusement la moitié, malades de chancre rouge seront abattus, le cours serpente dans les vignes, jouant avec les collines, les contournant, les chevauchant grâce aux écluses et même les pénétrant en un tunnel impressionnant.

Ce sera maintenant Castelnaudary, en pleine effervescence qui prépare la fête du cassoulet. Lentement nous atteindrons la dernière écluse montante, ‘la méditerranée. Une demi-heure de navigation et voici la première descendante ‘l’océan’. Bientôt nous nous engagerons dans la banlieue de Toulouse, la ville rose avec ses deux ports de plaisance, son chantier fluvial, ses monuments et particulièrement la magnifique cathédrale Saint Saturnin.

S’en est maintenant terminé du canal du midi ; place au canal latéral à la Garonne. Dès lors les écluses deviennent automatiques. Les biefs deviennent plus longs et plus rectilignes, les vignes laisseront la place aux champs de maïs et de sorgo. Le canal traversera Montech, laissant de côté le coin d’eau, ingénieuse écluse en pente unique en son genre, construite dans les années 70 qui permettait de faire gravir à plusieurs péniches à la fois un important dénivelé. Arrêtées avec la fin de la navigation commerciale en 2003, les deux imposantes automotrices n’en finissent pas de rouiller sur leurs butoirs.

A Moissac, le canal se fait étroit pour se frayer un chemin dans la vieille ville, une passerelle piétonne en barre même le passage et il faudra en demander l’ouverture. Le lendemain nous franchirons la Garonne sur le pont canal d’Agen puis lentement nous atteindrons Castel-en-Dorthe et son imposant château bordelais qui domine la Garonne.

La Garonne enfin, qu’il faudra prendre à marée haute, eh oui la marée se fait sentir aussi loin dans les  terres! La descente jusqu’à Bordeaux se fera à vive allure le courant descendant aidant. Les eaux chargées de limon nous feront flotter sur des étendues rougeâtres. Avant d’accoster au ponton d’honneur de la ville de Bordeaux il faudra franchir le vieux pont aux arches majestueuses en se méfiant de l’aspiration des piles du pont.

Mais cette partie est bien traitre ; en cette année de sécheresse le fil d’eau est bien plus bas qu’à l’habitude et avec ses 1.32m de tirant d’eau la quille du voilier talonne souvent la vase ou se prend régulièrement dans les branches immergées. 3 échouages ont été plus sérieux que les autres ; à Carcassonne ou le bief sur sa longueur de 2 km et l’entrée de l’écluse dans le port nous ont bloqués. Avant Toulouse, le bateau s’est posé sur ‘ le toc’ monticule de vase aggloméré par les puissants jets des vannes ; planté là au milieu de l’eau il a fallu l’intervention des agents des voies navigables de France qui en lâchant de l’eau à gros bouillons ont fait remonter le niveau des quelques centimètres pour ‘ décoller’. Enfin devant la première écluse du canal latéral à la Garonne à la sortie de Toulouse ou le club d’aviron a permis de déséchouer Annisette.

 

retour de pêche

iles éoliennes

 

DOUCEUR DE VIVRE